Les sources de la légende
L’HISTOIRE DE MÉLUSINE SE PLACE DANS LA LIGNÉE DES ROMANS DES ORIGINES, QUI ONT POUR VOCATION DE RETRACER L’ORIGINE FABULEUSE D’UNE FAMILLE OU D’UN PERSONNAGE.
C’est une pratique courante des chroniqueurs-généalogistes du moyen âge de rattacher ainsi les lignées humaines à des personnages de légende.
Une tradition orale dans le Poitou
Pierre de Bressuire (vers 1300-1362), dans le prologue du livre XIV de son Reductorium Morale, indique qu’il existe dans le Poitou une légende très répandue concernant une fée serpente qui se serait unie à un mortel.
Un mystérieux poème originel
Un poème évoquant une fée serpente, aurait été écrit antérieurement à la rédaction en prose de l’œuvre de Jean d’Arras.
Il influence l’œuvre de Coudrette, qui dit lui-même, qu’il n’est pas le premier à mettre ce récit en vers.
Une histoire en prose de la fin du XIVe siècle
Jean d’Arras : Mélusine ou la noble histoire de Lusignan
Entre novembre 1392 et le 7 août 1393, Jean d’Arras, libraire de son état, rédige en prose et en français, sur commande du duc Jean de Berry, frère de Charles VI, un ouvrage intitulé La noble histoire de Lusignen ou Livre de Mélusine en prose (avec des variantes du titre selon les manuscrits).
Cette version connut une grande diffusion à l’époque moderne, car elle fut imprimée dès le XVe siècle.
Jean de Berry souhaitait mettre en valeur la famille de Lusignan, dont il descend par la branche Chypriote (de Hugues Ier roi de Chypre). Il voulait aussi légitimer sa possession du Poitou pendant la guerre de Cent Ans.
Jean d’Arras se serait inspiré d’ouvrages déjà présents dans la riche bibliothèque du duc : Histoire de Lusignan, écrits arthuriens, légendes poitevines.....
Un poème du début du XVe siècle
Coudrette : Rommant de Partenay et de Luseignen
Le texte est achevé en 1401.
Coudrette était le chapelain de Guillaume Larchevêque seigneur de Parthenay et c’est pour lui qu’il écrit ce roman, car Guillaume, veut, lui aussi, montrer son appartenance à la famille de Lusignan et sa filiation avec une aïeule légendaire.
L’ auteur dit s’être inspiré d’un poème plus ancien. Son récit connaît une grande diffusion au XVe siècle et a été rapidement traduit en Allemand et en Anglais.
Sources : Site Arlima (archives de littérature du Moyen âge) ; Cécile VINA, Le nom de Mélusine, mémoire de maîtrise de lettres modernes année 1998-1999, Poitiers ; Eleanor ROACH, Le roman de Mélusine ou Histoire de Lusignan par Coudrette, éditions Klincksieck, Paris, 1982 ; Emmanuèle BAUMGARTER, Moyen âge, 1050-1486, Histoire de la Littérature Française, Bordas, Paris, 1988.