A LA FIN DU XIIe SIÈCLE, LE TERRITOIRE DES LUSIGNAN ÉTAIT RELATIVEMENT PEU ÉTENDU. IL COUVRAIT DEPUIS LE XIe SIÈCLE POUR LE SUD-EST LE SECTEUR DE COUHÉ, BRUX ET GENÇAY, ET S’ÉTENDAIT VERS LE SUD-OUEST, EN DIRECTION DE SAINT-MAIXENT, AUTOUR DE PAMPROUX, SOUDAN, SANXAY ET SAINT GERMIER.

 

1a Extension des territoires des Lusignan 1020 1030
L’extension des territoires des seigneurs Lusignan ; situation vers 1020-1030

L'extension vers le nord était bloquée par la proximité de la " capitale " du comté du Poitou, mais les Lusignan avaient tout de même des domaines qui avoisinaient Fontaine-le-Comte (exemple de l'abbaye cistercienne de Bonnevaux fondée par Hugues VII en 1120 et actuellement sur la commune de Marçay). A noter aussi la possession depuis 1060 environ d'Angles-sur-l'Anglin transmis par l'évêché de Poitiers dans des circonstances inconnues. La seule nouvelle châtellenie acquise au cours de la seconde moitié du XIIe siècle fut celle de Château-Larcher, apparemment suite à un affrontement vers 1160.

 

1242 marqua la fin d’un rêve !

 

A l’issue d’une ultime révolte contre le comte de Poitou Alfonse et son frère, le roi de France Louis IX, Hugues X, Isabelle d’Angoulême et leurs fils capitulèrent et se soumirent. Leurs biens furent en partie confisqués, les hommages qu’ils recevaient furent transférés au comte de Poitou ou au roi de France et le vaste ensemble territorial qu’ils avaient réussi à rassembler fut morcelé.

1a Possessions Poitevines des Lusignan en 1242
Les possessions poitevines des Lusignan en 1242

Les documents concernant leur reddition ont permis cependant de donner une idée de l’ampleur de leur patrimoine.

Des places tenues directement par Hugues X de Lusignan, on peut citer :

Lusignan, Montreuil-Bonnin, Béruges, Château-Larcher, Couhé, Angles-sur-Anglin et Vivonne pour l’actuel département de la Vienne ; Saint-Gelais, Bois-Pouvreau, Cherveux, Bauçay, Prahec, Frontenay pour les Deux-Sèvres.

 

Cependant, bon nombre de ces places ont souffert des destructions après 1242 et ont disparu comme Saint-Gelais, Prahecq, Cherveux.

Il est aussi impossible de localiser le château mentionné pour Jazeneuil.

 

 

 

QUELQUES INFORMATIONS SUR DES LIEUX ENCORE VISIBLES

(Pour Lusignan, voir la rubrique sur « La ville et la place forte de Lusignan »).

 

Angles-sur-Anglin

Bien que très éloignée des terres des Lusignan, cette forteresse fut cédée à Hugues VI en 1070 par l’évêché de Poitiers qui la retrouva en 1267. Ainsi, les Lusignan conservèrent le château pendant deux siècles. Le donjon roman quadrangulaire à contreforts hémicylindriques est certainement de leur fait. On leur doit aussi les constructions des chapelles Saint-Pierre et Sainte-Marie. L’ensemble se trouve sur un site naturel remarquable dont la visite est fortement conseillée.

 

Château-Larcher

Le castrum Arcadi, mentionné dès 888, devint, dans des circonstances inconnues, une possession d’Hugues IX dans les années 1170. En 1242, ce fut la seule place du Poitou que le roi de France tint à garder sous contrôle direct ce qui traduisait bien l’importance de ce château. Une tour à éperon défendait la pointe nord du léger promontoire sur lequel il fut bâti. Une première enceinte renforcée de trois tours rondes prolongeait celle-ci. Une seconde enceinte, plus vaste, aboutissait au sud à une chapelle castrale. Un châtelet d’entrée encadré de deux tours rondes s’ouvrait à l’ouest sur le bourg. Château-Larcher reste l’un des rares exemples de châteaux transformés par les Lusignan dans les années 1180-1242, encore plutôt bien conservés et en partie visibles.

 

Béruges

La tour fut assiégée et ruinée par saint Louis en 1242. Les vestiges présentent une tour carrée de seize mètres de côté, avec des murs épais de quatre mètres. Un éperon triangulaire prolonge le côté, face à l’attaque. Le premier niveau est occupé par une salle basse couverte d’une voûte en berceau. L’étage est occupé par une salle quadrangulaire, accessible par un escalier droit. Equipée d’un puits et d’un silo, cette tour pouvait résister à un siège et causer quelques difficultés aux troupes du roi ! La construction de cette forteresse peut être attribuée aux Lusignan avant 1200. Les vestiges ne sont malheureusement pas accessibles au public à ce jour.

 

Montreuil-Bonnin

Il est peu probable que les Lusignan aient entrepris des travaux dans ce château. Hugues X le reçut des mains de Louis IX en 1230, mais il a été un des premiers repris en 1242. Les vestiges sont encore nombreux et imposants, mais non accessibles au public.

 

Couhé

Bâti par Guillaume III, comte de Poitou, ce château fut donné en fief à Hugues IV de Lusignan. De ce castrum apparu dès le XIe siècle, il ne reste que des soubassements surplombant la Dive à l’ouest.

 

Vivonne

Le château de Vivonne apparaît très tôt sous le contrôle des Lusignan et il est cité dès le XIe siècle. Situé au confluent de la Vonne et du Clain, le château accroché au rocher était protégé par une enceinte flanquée de petites tours rondes et pleines encore en partie visibles actuellement au dessus de la nationale 10.

 

Bois-Pouvreau

Situé au confluent de deux ruisseaux près de Ménigoute, les ruines de ce château montrent qu’il était flanqué d’une tour carrée et entouré de douves. Il a été rasé par Louis XI et abandonné depuis le XVe siècle.

 

 

L’étendue des possessions poitevines ne se limite pas à la branche directe des Lusignan. Les branches cadettes ont joué aussi leur rôle dans cette extension et parmi elles, nous retiendrons celle des seigneurs de Vouvant et Mervent. Au début du XIIIe siècle, ces deux places appartenaient à Geoffroy II de Lusignan, petit-fils d’Hugues VIII. La forteresse de Mervent, citée comme vicairie en 989, a complètement disparu. En revanche, Vouvant offre d’impressionnants vestiges. Un des intérêts majeurs de ce site était de posséder un château associé à une enceinte urbaine au même titre que Lusignan. L’enceinte, construite au début du XIIIe siècle, conserve de belles tours rondes à archères qui rappellent celles bâties par les Lusignan à Villebois-Lavalette, en Charente.

Le site est dominé par la tour Mélusine qui conserve deux niveaux voûtés en coupole. L’ensemble a été bâti sur un promontoire de schiste au confluent de deux cours d’eau, la Mer et le Vent.